À la suite de la guerre franco-allemande de 1870, la Troisième République organise le recrutement de ses armées par la loi du 27 juillet 1872 (loi Cissey) : « tout Français peut être appelé, depuis l'âge de vingt ans jusqu'à celui de quarante », le service est de cinq ans avec sélection par tirage au sort, mais avec possibilité d'être réformé (pour les motifs de petite taille, de malformation, de maladie respiratoire, etc.), remplacé ou exempté (pour les chargés de famille, les ecclésiastiques, les enseignants, etc.). Le service passe de cinq à trois ans par la loi du 15 juillet 1889 (loi Freycinet). Cette situation est réformée par la loi du 21 mars 1905 (loi Berteaux)n 1 qui supprime le tirage au sort, les remplacements ainsi que les exemptions : désormais tous les hommes sont appelables pour deux ans. Enfin, la loi du 7 août 1913 (loi Barthou) fait passer le service militaire de deux à trois années.
La conséquence théorique de ces lois est qu'entre 1905 et 1914 chaque homme français arrivé à ses 20 ans (juste avant l'âge de la majorité à l'époque) doit être recensé dans une liste nominative puis faire son service militaire pendant deux puis trois années dans l'armée d'active (de ses 21 à ses 23 ans), avant d'être rendu à la vie civile. Pendant les onze années après son service, il fait partie de la réserve de l'armée d'active (de ses 24 à 34 ans), puis pendant sept ans de l'armée territoriale (de ses 35 à 41 ans) et enfin pendant encore sept ans de la réserve de l'armée territoriale (de ses 42 à 48 ans). Les hommes faisant leur service sont versés dans les régiments d'active, théoriquement recrutés localement ; après leur service, ils seront convoqués trois fois pour des périodes de manœuvres et d'exercices, à raison de deux fois pour les réservistes (chacun durant quatre semaines) et une fois pour les territoriaux (seulement deux semaines). En théorie, les hommes déclarés inaptes pour insuffisances physiques sont quand même astreints aux obligations militaires, sous la forme du service auxiliaire (dans les bureaux, les dépôts, le service de santé, etc.). Un dernier cas est celui des « affectés spéciaux », c'est-à-dire les douaniers, les chasseurs forestiers, les hommes des sections de chemins de fer de campagne, ainsi que les postes et télégraphes.
Chaque année est donc recrutée une « classe » de conscrits : une classe est l'ensemble des hommes nés une même année et aptes au service. Le numéro d'une classe correspond à l'année de son recensement, réalisé en général en décembre de l'année de leurs vingt ans ; l'incorporation se fait l'année après le recensement, à l'automne. Les hommes de l'active et les plus jeunes de la réserve doivent constituer lors de la mobilisation les unités envoyées au combat, tandis que les réservistes plus vieux sont destinés à former des régiments de réserve maintenus en arrière du front ou à remplir les dépôts en attendant de remplacer les pertes. Les hommes de l'armée territoriale doivent constituer des unités destinées à des tâches en arrière du front, telles que la garnison des places ou des travaux de retranchement. Enfin, les hommes de la réserve de l'armée territoriale doivent servir à surveiller les voies ferrées et le littoral.
Le recrutement du personnel de la Marine nationale est différent, fondé sur l'inscription maritime : les hommes exerçant la navigation maritime ou fluviale sont astreints au service dans l'« armée de mer », avec un service de cinq ans en temps de paix. Mais comme la flotte a besoin d'un grand nombre de techniciens qualifiés, le recrutement de ces derniers s'étend sur l'ensemble du territoire, l'inscription maritime ne fournissant que la moitié des effectifs de la flotte en cas de mobilisation.